La 1ère édition des « Rencontres Internationales Roger Decottignies » s’est déroulée ce printemps à la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar.
Elle a inauguré un nouveau rapprochement scientifique et universitaire entre le Sénégal et la France, rapprochement placé sous le patronage symbolique du professeur de droit privé Roger Decottignies (1923-2005), premier doyen et responsable des facultés de droit de Dakar (1951-1968) et de Chambéry (1971-1991), mais également premier président de l’Université Savoie Mont Blanc (UMSB) alors Centre Universitaire (1971-1975).
Ces rencontres concrétisaient la récente convention de partenariat pédagogique et de recherche signée par les deux facultés de droit, ainsi qu’un accord-cadre finalisé en août 2015 entre l’USMB et l’UCAD, la plus importante université de ce pays francophone moderne et moteur, partenaire important de la coopération scientifique française et seconde économie de l’Afrique de l’Ouest.
C’est autour d’une thématique encore largement novatrice du point de vue de la réflexion socio-juridique, mais désormais prioritaire quelle que soit notre latitude sur la planète, que se sont déroulées les journées des 2 et 3 mai : « Du soleil pour tous ! L’énergie solaire : Un Droit ? Des droits ? Une histoire ? Regards croisés France-Sénégal ».
REGARDS CROISÉS ET DÉBATS JURIDIQUES AUTOUR DE L’ÉNERGIE SOLAIRE
Jean-François Dreuille, maître de conférences en droit privé et Doyen de la Faculté de droit de l’USMB, Jean-François Joye professeur de droit public et directeur du Centre de Droit Privé Public des Obligations et de la Consommation (CDPPOC), ainsi que Bruno Berthier, maître de conférences en histoire du droit et Frédéric Caille, maître de conférences HDR en science politique et chargé de projet pédagogique Afrique, ont chacun apporté une contribution au titre de l’USMB, et dans la continuité de l’axe de travail pionnier sur le domaine initié au CDPPOC en 2010 par l’ouvrage collectif dirigé par David Bailleul, professeur de droit public à l’USMB : L’énergie solaire. Aspects juridiques.
Du côté sénégalais également un ensemble de travaux importants, à la fois contemporains et socio-historiques, tant sur la recherche fondamentale que sur la réglementation en matière solaire, ont été présentés. Parmi les membres de l’UCAD sont notamment intervenus :
Par ailleurs Messieurs Gora Niang, conseiller technique du directeur général de l’Agence Nationale des Énergies Renouvelables (ANER) et Abdou Ndour, chargé de programme de l’ONG Enda-Energie, ont apporté le regard des acteurs de terrain de la politique sénégalaise des énergies vertes, regard complété par de nombreuses interventions du public participant, ainsi que la contribution écrite d’Ousmane Fall Sarr de l’Agence Sénégalaise d’Électrification Rurale (ASER).
Ces débats ont permis de mesurer combien, au Sénégal comme en France, la question d’un « droit à l’électricité », et plus largement de la sécurité énergétique, étaient socialement sensibles, et réclamaient d’autant des travaux universitaires de clarification et de mise en perspective. Si les perspectives juridico-réglementaires étaient ici privilégiées, d’autres modes d’expressions artistico-politiques de la jeunesse ont cependant pu être évoqués, et notamment le Rap, comme l’a souligné la contribution remarquée de Jean-François Havard, maître de conférences en science politique à l’Université de Haute-Alsace et spécialiste de la vie politique sénégalaise, qui avait très amicalement accepté de s’associer à ces journées.
JEAN PIERRE GIRARDIER, PIONNIER DU SOLAIRE THERMIQUE EN AFRIQUE
Ces rencontres auront cependant d’abord été marquées par la présence exceptionnelle d’un « grand témoin », Jean-Pierre Girardier, docteur en physique de l’UCAD (1963), pionnier du solaire thermique en Afrique et fondateur de la SOFRETES (Société Française d’Études Thermiques et de l’Énergie Solaire), entreprise d’économie mixte et de coopération scientifique française qui installa une centaine de pompes solaires thermiques dans le monde au cours des années 1970.
En outre du témoignage direct de Jean-Pierre Girardier durant les journées d’étude, une exposition photographique réalisée par Frédéric Caille a été consacrée à cette aventure encore méconnue : « Le Sénégal pionnier de l’énergie solaire. Des premières expérimentations thermodynamiques de Dakar aux pompes solaires de la SOFRETES 1960-1983 ».
Comprenant une cinquantaine de reproductions pour la plupart inédites, elle a été inaugurée lundi 2 mai sur le parvis de la Bibliothèque Universitaire de l’UCAD, en présence de Monsieur Olivier Boasson, chef du Service de Coopération et d’Action Culturelle et directeur de l’Institut français qui représentait Monsieur Jean Félix-Paganon, Ambassadeur de France au Sénégal.
Deux autres « grands témoins », Messieurs Jacques Diouf, directeur général honoraire de la FAO, et Albert-Michel Wright, ancien Ministre d’État et directeur de l’Office Nigérien de l’Énergie Solaire (ONERSOL), qui travaillèrent directement avec Jean-Pierre Girardier, ont malheureusement du être excusés pour des raisons de santé. Leurs contributions écrites devraient être intégrées à la publication sur papier et en ligne des actes de ces Rencontres Internationales Roger Decottignies d’ici à la fin de l’année 2016, laquelle marquera le point d’orgue symbolique de ce premier cycle d’amitié et d’échanges scientifiques entre l’UCAD et l’USMB.
UNE PREMIÈRE EXPOSITION TRÈS SOUTENUE
On n’aura garde d’oublier que ces rencontres, si chaleureuses et intellectuellement stimulantes de l’avis de tous les participants, n’auraient pu exister sans les soutiens actifs des nombreux personnels administratifs et enseignants impliqués à l’UCAD et à l’USMB, ni sans l’aide de l’Ambassade de France au Sénégal, ainsi que de l’Institut National de l’Énergie Solaire (INES), partenaire du projet dès l’origine et dont la collaboration logistique participera à la valorisation des résultats.
Il est à noter pour finir que les travaux préparatoires sur le thème des journées (entretiens, repérages, premier déplacement au Sénégal) ont été soutenus au titre des recherches personnelles de Frédéric Caille par le laboratoire Triangle de l’ENS de Lyon (UMR 5206).
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